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Pour notre dernière aventure, on est montés dans un train en direction de l'Écosse pour partir marcher 7 jours sur le Cape Wrath Trail, un sentier qui traverse les Highlands de part en part. On a profité de cette randonnée réputée difficile pour tourner un film — disponible sur Youtube — et tester le matériel de nos deux partenaires sur cette aventure : équipement VAUDE et nos chaussures VEJA. Voici un guide complet pour partir à votre tour.
Malgré son climat difficile, l'Écosse regorge de paysages mythiques. Entre ses sentiers perdus dans ses montagnes dramatiques, ses lochs mystérieux, ses landes désolées ou ses îles paradisiaques, ce pays offre une énorme diversité de sentiers. Situé dans les Highlands, la partie haute du pays, le Cape Wrath Trail est un sentier de randonnée longue distance qui relie Fort William à Cape Wrath, le point le plus au Nord-Ouest de l’Écosse.
Le Cape Wrath Trail traverse des paysages parmi les plus désolées du pays sur 378 kilomètres. Il est réputé pour être le sentier plus difficile des îles britanniques. D'abord, son parcours n'est pas balisés, il requiert un haut degré de compétence en matière d'orientation. Aussi, il est loin de tout. Les marcheurs doivent être autonomes et transporter toute la nourriture nécessaire entre ses maigres points de ravitaillement. Enfin, de nombreuses rivières se traversent sans pont, ce qui peut s'avérer dangereux, voire impossible, en cas de crue. Il faut compter entre 14 à 21 jours pour en venir à bout. De notre côté, on en a que 7, de quoi apprécier un tiers du sentier.
L’Écosse sauvage et mythique comme on la rêve !
Pour relier les 1000 kilomètres qui nous séparent du Cape Wrath Trail, on a choisi le train. Et bien que la distance peut refroidir, c'est pourtant assez simple de rejoindre cette rando depuis la France. Il suffit de s'y prendre suffisamment à l'avance pour s'éviter des prix exorbitants et une multitude de changements. Partir en train le soir de Paris et randonner au bout de l'Écosse le lendemain matin, c'est possible. Alors oubliez l'avion. Vous allez voir le voyage fait partie de l'aventure.
Depuis Paris, passeport en main, l'Eurostar vous permet de traverser la Manche. En un peu plus d'une heure, vous foulez déjà le sol anglais. Arrivé à la capitale, un bref changement de gare vous permet de rejoindre London Euston Station. Arrivé en gare, embarquez dans le "Caledonian Sleeper". Pas d'inquiétude, le confort est au rendez-vous dans ces trains de nuit qui relient Londres à Inverness. Dans une cabine de deux, vous aurez même le luxe de disposer d'une toilette et d'une douche. Et au réveil, un copieux "english breakfast" vous attend au wagon restaurant. Au final, avec la nuit et le paysage défilant par la fenêtre, vous ne verrez pas le temps passer. Pourtant 11h30 plus tard, vous voilà bien à Inverness. Un dernier train vous conduit dans les contrées sauvages des Highlands. Vos beans à la tomate à peine digérés que vous êtes engagé sur le mythique Cape Wrath Trail.
Notre périple en train s'achève dans une petite gare imprononçable : Achnashellach. Deux quais déserts au milieu de rien. Avec la pluie et la brume, il ne nous faut qu'une centaine de mètres pour nous égarer dans la nature. Peu de dénivelé aujourd'hui, l'idéal pour se mettre en jambes. On repassera pour la couleur, à part quelques fleurs violettes à nos pieds et nos protection de sacs oranges, on s'enfonce dans une grosse nappe grise. Au détour d'un rocher, on tombe nez à nez avec des rênes. Ils nous toisent de la colline où nous allons installer notre premier bivouac. On monte tant bien que mal notre campement entre les rafales de vent et le crachin. Ça promet !
La brume est tombée pendant la nuit, on aperçoit même un bout de ciel bleu. On avance bien ce matin, notre regard se perd dans l'immensité de ces plaines jonchées de roches. On se paie un rayon de soleil et une tranche de saucisson en déjeuner. En reprenant la route, on s'offre une baignade au pied d'une cascade glacée. Requinqués, on décide de prendre 3 km sur l'itinéraire du lendemain. On regrette vite notre choix. Au menu, un col interminable et une traversée de marais. Après ce bain de pied, on peine à trouver un spot de bivouac. Pour couronner le tout, les midges pointent le bout de leurs nez. On se fait attaquer de toutes parts. On finit par planter nos tentes, enfiler nos moustiquaires et manger en marchant pour échapper aux essaims.
La nuit se passe sans encombre, mais sur le coup de 7 h, le vent nous secoue. On s'enfile un paquet de gâteau et on décampe. La journée s'annonce plus douce, on profite d'une éclaircie pour admirer le vert et ocre des monts et sommets. Au loin, on aperçoit notre premier village. Bonne nouvelle, la station-service est ouverte. On en profite pour faire le plein : boissons fraiches, boissons chaudes, sandwichs toastés et friandises... Chargé à bloc, on réitère le plan de la veille. Aux 8 km restants, on s'en ajoute 2 pour prendre de l'avance sur le lendemain. Après avoir remonté un cours d'eau, on prend de la hauteur pour camper au vent. Les midges auront qu'à bien s'accrocher. La vue sur les montagnes et le loch est imprenable. Le coucher de soleil incroyable. On partage précieusement ce moment comme notre dernier sachet de bonbons.
Comme chaque matin, le réveil se fait dans la bonne humeur et dans l'humidité. Mais au bout de 2 km, l'ambiance s'assombrit. Thomas se tord une cheville, c'est l'entorse. On réagit vite et on bande pour ralentir le gonflement. Malheureusement pour lui, il n'y a qu'une solution, avancer... La première route est à 20 kilomètres, la rando en compte encore 60. On évolue maintenant dans un territoire plus boisé avec une rivière serpentant en fond de vallée.
Malgré notre accident, on rejoint en fin d'après-midi notre camp pour la nuit. Une dernière colline et on aperçoit enfin notre petit bothy noir et blanc. Des vaches broutent paisiblement autour de la bâtisse. On jette un "hello !" à l'intérieur, personne. En guise de lecture, on survole le bothy code affiché au mur et le livre d'or. Peu avant le dîner, deux munro baggers écossais s'invitent à notre repas. On discute voyage avant de trouver doucement le chemin du sommeil.
Le réveil est difficile ce matin. Avant le départ, on ressert le bandage de Thomas à coup de scotch. On a deux bosses à passer aujourd'hui et ça commence dès le pas de la porte. Ça grimpe, mais le sentier est bon. La deuxième bosse s'annonce moins drôle. On traverse un champ de fougères dans le raide. C'est bourré de tiques. Cet épisode passé, le rythme reprend de plus belle. On file et on s'arrête pour déjeuner au bord d'un lac ensoleillé.
Le plus gros est derrière nous. On marche au bord de l'eau en cueillant des framboises. On les grignote face à un décor d'un autre temps. Sur nos côtés, des moutons flânent et face à nous, trois écossais tirés à quatre épingles et leurs chiens reviennent de la pêche. Le soleil se couche et les midges se lèvent quand on atteint l'étape finale de la journée. On est au milieu de leur terrain de chasse, en basse altitude, au bord d'une rivière et à l'orée d'un bois. Malgré nos 21 km dans les pattes et la pluie battante, on s'en offre encore 3 de plus pour éviter ces cannibales. Après 400D+, on s'écroule dans nos tentes. Qui dort dîne.
Réveil sous la pluie, on avale ce qui nous reste comme barres et on démarre. On s'est couvert au maximum pour braver la tempête. On en a vite plein les basques. Après 5 h dans les marécages, on est dans le bain. On navigue sur une portion non-balisée. On utilise nos bâtons comme des sondes pour savoir où poser le pied. Ils s'enfoncent jusqu'à la garde. Bref, on patauge en eaux troubles. On finit par se sortir d'affaire.
Sur notre route des déboires, on croise une ferme tenue par un Français et sa femme. Bientôt 10 ans qu'ils vivent de leur ferme en autarcie. On décide de déjeuner sur cette leçon et on essore nos chaussettes irrécupérables. Plus que 8 km aujourd'hui, on n'a jamais été aussi content de fouler une route de goudron. Elle nous emmène au bord d'un lac, lieu de notre dernier bivouac. On se couche peu après le soleil. Demain, on lève aux aurores pour rejoindre l'Ullapool.
À l'aube, des gouttes nous chatouillent le nez. L'humidité à son apogée. C'est la dernière fois qu'on plie bagage. On est traversés par un drôle de sentiment. Un mélange de pincement au cœur et de soupirs de soulagement. On vient vite à bout des 5 km qui nous séparent d'Ullapool. Dans la ville côtière, on renoue avec la civilisation bouché après bouché grâce à notre breakfast sandwich. En fin gourmet, Damien le nappe de toutes les sauces qui lui passent sous la main (ketchup, tabasco, werceister). Il aura le temps de les digérer sur les 26 heures de bus et de trains qui nous séparent de Paris.
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Se rendre en Écosse sur le Cape Wrath Trail
On vous explique en détails comment on a relié Paris à la petite gare d'Achnashellach. Il est possible de réduire le nombre de correspondance pour ce trajet, notamment en prenant un train de nuit direct de Londres à Inverness, mais lors de nos réservations, cet itinéraire était complet.
Note : ça peut sembler long mais les trains sont confortables, et voir le trajet défiler par la fenêtre permet de se déconnecter petit à petit. Au final, ça passe tout seul !
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