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Quitter les routes familières pour plonger dans l’inconnu, c’est le pari d’Antoine. Parti de Bruxelles, il a troqué son plat pays contre les reliefs accidentés de la Grande Traversée du Massif central. Pendant 9 jours et 655 km, ce cycliste – à la double gapette de mécano vélo et photographe – a suivi cette trace mythique, s’en écartant parfois au gré de la météo et de ses envies. Seul sur son vélo, entre volcans endormis, forêts profondes et plateaux sauvages, il nous raconte son aventure entre dépassement, imprévus et liberté.
Partir sur la Grande Traversée du Massif central, c’est traverser une France secrète et préservée, celle des forêts profondes du Morvan, des crêtes volcaniques d’Auvergne et des grandes steppes des Causses. Sur près de 1400 kilomètres, ce tracé, né en 1995 et entièrement repensé en 2018, offre une immersion complète dans l’un des derniers grands espaces sauvages du pays. Ici, les routes se font rares, les chemins serpentent à travers des montagnes discrètes et des vallées oubliées, et le vélo devient le moyen parfait pour glisser d’un univers à un autre, entre paysages bruts et villages d’un autre temps.
D’un coup de pédale, on quitte une hêtraie sombre pour déboucher sur les plateaux venteux de l’Aubrac. Plus loin, après l’immensité minérale des Grands Causses, c’est la lumière de la Méditerranée qui surgit à l’horizon. La GTMC n’est pas qu’un itinéraire, c’est un voyage où l’on ressent la lente transition du nord au sud, la montée progressive de la chaleur, l’accent qui change dans les villages, la terre qui passe du vert profond au rouge éclatant. Entre singletracks joueurs et pistes roulantes, elle laisse le choix entre l’effort solitaire ou l’étape gourmande, entre bivouac sous les étoiles ou refuge dans une auberge au bord du chemin. Une diagonale à vivre au rythme du vélo, pour retrouver l’essence du voyage.
Si parcourir l’intégralité de la Grande Traversée du Massif central demande entre 3 et 6 semaines, rien n’empêche d’en explorer une portion à son rythme. Comme Antoine, qui a suivi la trace dans ses grandes lignes, s’en écartant parfois au gré de ses envies et des caprices de la météorologie. Plongeons maintenant dans son aventure de 9 jours à VTT.
Clermont-Ferrand -> Murol (68km / 2126 d+)
Après un long voyage de Bruxelles à Clermont-Ferrand, je quitte la capitale auvergnate avec une certaine excitation et une légère boule au ventre. Je commence ma première journée sous un ciel gris et des températures négatives. Mais très vite, les paysages font oublier la météo et mes craintes de solitude. Après quelques kilomètres, j’entre dans le parc régional des volcans d’Auvergne. Ses vallons m’accueillent sous de fins flocons. Arrivé sur les hauteurs du parc, j’installe ma tente face au lac Chambon. Quinze minutes plus tard, je dors déjà.
Murol -> Allanche (61km / 1149 d+)
Au réveil, mon vélo est couvert de givre. Je descends à Murol, où je prends une pinte de café et des viennoiseries pour me réchauffer. Mes pieds et mes doigts sont déjà gelés. Note pour la suite : dormir avant une montée pour s’échauffer dès le matin. Après 10 km, une tempête de neige me surprend. Je cherche un village où me réfugier. Trempé et transi de froid, je réalise que cette aventure va être pleine de rebondissements. Je décide de rejoindre un gîte à Allanche, 40 km plus loin. Les propriétaires, inquiets, me proposent de venir me chercher. Je refuse, mais je repars rassuré grâce à ce plan B. Je poursuis mon chemin jusqu’à "L’Eau Berge", une ancienne école transformée en gîte. L’ambiance y est chaleureuse et accueillante. Un vrai réconfort après cette journée glaciale.
Allanche -> Trailus (67km / 1377 d+)
Le soleil est enfin là ce matin. Je retrouve la trace VTT officielle, quitte l’Auvergne et le Cantal et me dirige vers le domaine du Sauvage. La journée est belle et technique. Je traverse de grandes étendues vertes avec les monts enneigés en toile de fond. Mon genou commence à grincer douloureusement, je me promets d’acheter de la crème plus tard. Un peu avant le Signal de Margeride, je fais le plein de nourriture, car je ne croiserai plus de ravitaillement avant deux jours. Je pensais bivouaquer au sommet, mais une boulangère me le déconseille vivement à cause du froid glacial. Je change donc de plan et descends à Trélis, où un couple m’a gentiment proposé de planter ma tente dans leur prairie.
Trailus -> Le Giraldès (69km / 1662 d+)
Ce matin, il fait très (trop) froid. Je commence la montée vers le Signal de Margerides à jeun, motivé par l’idée de boire mon café avec une vue au sommet ! Après une montée longue et caillouteuse, un vent polaire et des arbres gelés détruisent mes rêves de pause café. Je m’enfile une barre de céréales en vitesse et je redémarre congelés. C’est le jour 4, et je commence sérieusement à douter. Impossible de dormir à cette altitude, je dois descendre sous les 1 300 m pour bivouaquer. En route, le soleil apparaît, ses rayons me redonnent du baume au cœur et offre à ma traversée de ces vastes forêts, des allures de Canada ! Au détour d’un village désertique, je tombe sur un coin d’herbe idéal pour planter ma tente.
Le Giraldès -> Bagnols-Les-Bains (46 km / 767 d+)
Au réveil, il fait -2°C dans ma tente… Constatant cela, je réserve une auberge à Bagnols-les-Bains, à 46 km d’ici. Après avoir emballé mes affaires, je me cale à l’abri du vent, avec un café et un lyophilisé. La journée commence par une belle montée vers le lac de Charpal. Tout roule, Tout se passe bien, jusqu’à ce qu’un panneau me barre la route sans explication. C’est pas ça qui va m'arrêter… Quelques kilomètres plus loin, je regrette mon obstination. Des dizaines de sapins abattus par le vent jalonnent le sentier. Et ça, sur des kilomètres... mais il est trop tard pour faire demi-tour. Note à moi-même : suivre les indications. Après avoir franchi une autre barrière, j’atteins le signal de Randon à 1 500 m d’altitude. Le lac de Charpal n’est plus très loin. Je profite de son immensité avant d’attaquer une descente raide et technique menant à Bagnols-les-Bains. Épuisé par cette première partie d’aventure, je décide de prendre 48 heures de repos pour récupérer.
Bagnols-Les-Bains -> Ispagnac (75 km / 1390 d+)
Je suis reposé, mon genou aussi et mon mental est au sommet ! Col après col, le paysage ne cesse de me bluffer. Un aboiement me sort de ma rêverie. Un molosse me prend en chasse avec la ferme envie de me croquer. Contrairement au chien, le froid, lui, continue de me mordre le visage. Sur la route menant à Ispagnac, je savoure le panorama qui défile malgré les bourrasques de vent. Le village passé, je trouve refuge entre deux buissons d’un camping.
Ispagnac -> Montardier (104 km / 2268 d+)
Ce matin, mon genou me relance… Je me préserve en évitant des chemins trop techniques. Malgré la douleur, j’atteins un point culminant de de la GTMC. Le sommet m’offre une vue à couper le souffle sur le Tarn. Le dénivelé positif de la journée me donne du fil à retordre, mais je me hisse tant bien que mal. Je me console en savourant la hauteur sur les paysages. Et puis après la montée vient la descente ! Elle sera plus longue que prévue… car le froid m’oblige à revoir mon itinéraire. Impossible de bivouaquer à cette altitude. Je rejoins le tracé officiel, mais la pente est semée d'embûches. Sous les feuilles, se cachent d’énormes cailloux qui me font chuter à plusieurs reprises. Je finis par pousser mon vélo pendant une bonne heure. Finalement, je passe sous la barre des 200m d’altitude. Ça se réchauffe, mais à 19h, je cède à l’appel d’une auberge providentielle à Navas ! Avec les chutes, mon genou est en sale état.
Navas -> Cantagrils (82 km -> 1156 d+)
Ma blessure m’oblige à lever le pied pour cette avant-dernière journée jusqu’à Montpellier. La matinée est douloureuse et il pleut des cordes. À midi, je m’abrite sous un abribus pour terminer mes provisions. Mon train part demain, je n'ai pas envie mais j’ai pas le choix, je dois avancer. Au programme de l’après-midi, le mont Saint-Baudille. Culminant à 848m, il offre une vue plongeante jusqu’à la Méditerranée. Mais avec ce brouillard épais, je distingue à peine mon guidon… Malgré les conditions, une vague de fierté m’envahit : j’ai surmonté tant d’épreuves depuis le départ. Je redescends en chantant sous la pluie battante. Trempé jusqu’aux os, je m’accorde un dernier plaisir : une bière fraîche et un bon fromage dans un gîte. Demain, il ne me restera que 20 kilomètres avant de sauter dans mon train. Je finis la soirée à regarder mes photos, en savourant ce sentiment d’accomplissement !
Cantagrils -> Montpellier (20 km)
Dernière ligne droite. 20 km avant d’arriver à Montpellier et de terminer cette aventure. Le corps est fatigué, mais l’envie d’en profiter jusqu’au bout est là. J’attaque les derniers kilomètres à un rythme tranquille, savourant chaque coup de pédale. Petit à petit, les rues de Montpellier se dessinent devant moi. Je roule jusqu’à la gare, mon vélo chargé d’une tonne de souvenirs et d’émotions. C’est ici que mon aventure s’arrête. Une dernière photo devant la gare, puis il est temps de monter dans mon train.
Selon votre point de départ, plusieurs options s’offrent à vous pour rejoindre la GTMC. Si vous partez de Bruxelles, vous devez d’abord rejoindre Clermont-Ferrand. Deux principaux itinéraires sont possibles : via Lyon ou via Paris.
Trajet via Lyon :
Trajet via Paris :
À vous de choisir l’option la plus adaptée pour débuter votre aventure sur la GTMC !
Les rubriques des offices du tourisme qui parlent de la GTMC
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