5 jours de rando en autonomie au cœur de la Laponie Espagnole

5 jours de rando en autonomie au cœur de la Laponie Espagnole

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Pour 2024 on a voulu s’offrir une escapade particulière : passer les Pyrénées pour aller explorer l’un des endroits les plus isolés d’Europe. Au cœur de l’Espagne, il existe une zone géographique dénommée “Laponie celtibérique”, ou plus communément “Laponie espagnole”. Un véritable désert de population, doublé d’un espace naturel quasi-vierge, oscillant entre forêt dense, formations rocheuses spectaculaires et villages fantômes. Une première expédition européenne pour préparer notre prochaine carte-méthode Recto Verso Europe ! Cette aventure a été rendue possible grâce à nos partenaires, qui nous ont permis de nous équiper (Columbia), de créer de belles images (Fujifilm) et de nous alimenter malgré l'isolement (Voyager). Merci à eux !

Table des matières

  • Durée : 5 jours
  • Difficulté : intermédiaire
  • Type : itinérance (ville à ville)
  • Distance : 87 km
  • Dénivelé : 2 000 m D+
  • Départ : Albarracin - El Valecillo
  • Période : d’avril à octobre

Une densité de population aussi faible… qu’en Laponie

Pas d’inquiétude, le climat de la Laponie espagnole, vaste région située grosso modo entre Valence, Madrid et Saragosse, est loin de celui du Grand Nord. Mais avec une surface de deux fois la Belgique et une densité de population de 7 habitants au km², la Laponie Espagnole rivalise avec les plus grands déserts de population du monde. On peut être aussi isolé qu’en Asie centrale… Juste à côté de la France.

Des températures extrêmes

On parle de variations dignes du Sahara… La Laponie espagnole peut subir des vagues de froid descendant jusqu’à -25° l’hiver, pour monter jusqu’à 45° en juillet-août… Notre première recommandation va être de prendre les prévisions météo au sérieux et de choisir votre moment pour vous lancer ! Une manière naturelle de gérer la chaleur reste de choisir ses options d’itinéraire pour coller aux points d’eau et aux vallées. La région est connue pour être la “source de la péninsule ibérique”, avec notamment la source du Tage (qui court jusqu'à Lisbonne), du Turia ou du Jucar (qui se jettent tous les deux dans la Méditerranée).

Une activité humaine inexistante (ou presque)

Cette région a été, pour des raisons historiques très particulières, sous-exploitées pendant la période de la révolution industrielle. En résulte un territoire hyper-préservé - on retrouve des traces très anciennes de mines mais aussi des peintures rupestres - et les rares villages, très rustiques et électrifiés seulement dans les années 1970, sont vides quasiment toute l’année. Une situation inédite en Europe, où quasiment toutes les parcelles exploitables sont mises à contribution de l’activité humaine !

→ Jour 1

13,5 km / 420 D+

La veille, après une journée de train au départ de Paris, nous sommes arrivés à Teruel après des étapes intermédiaires à Barcelone et Saragosse. Margot, qui nous a juré qu’elle ne louperait pas le train, ne s’est pas réveillée, mais nous avons réussi à lui trouver un moyen de nous rejoindre in extremis. On se fait déposer dans le petit village médiéval d’Albarracin, qu’on visite avant d’entamer la rando. On tombe quasi-directement sur un parc, considéré par les grimpeurs européens comme le “Fontainebleau espagnol” version grès rouge, et dans lequel on fait la rencontre de légendes locales du bloc. Après 8 kilomètres à serpenter entre les blocs, nous sortons d’un relief torturé pour nous aventurer sur un plateau plus dégagé, avec une forte déclivité finale qui nous a amené à notre premier spot de bivouac, avec une vue spectaculaire sur les environs.

→ Jour 2

20,9 km / 800 D+

Après un réveil (très) humide dû aux averses nocturnes - ce qui a permis de valider notre technique d’installation de tarp - nous nous mettons en route tardivement, le temps que la brume se lève. La première portion se fera par une route forestière, qui nous fera couper la seule route carrossable de la journée. L’endroit est définitivement désert, aucun humain à l’horizon. Nous arrivons dans l’après-midi au Peña de la Cruz (“rocher de la Croix” en français), où nous rencontrons une vigie, une personne chargée de surveiller d’éventuels feux de forêt du haut de sa paisible tour de guet. On rajoute une note dans notre carnet à la section “jobs de rêve” et on continue sur une vue plus dégagée avant d’atteindre un refuge non-gardé qui nous permettra de dormir au sec.

→ Jour 3

20,9 km / 360 D+

Après une nuit réparatrice, nous prenons le temps de profiter du soleil matinal avant de plier bagage. S’ensuit une rencontre qui avait déjà été entamée la veille, et qui prendra vraiment corps en ce troisième jour : une troupe de bikepackers, munis de leurs vélos d’aventure et de leurs sacoches. Parmi eux, Ernesto Pastor, basé à Teruel et amoureux de la région, à tel point qu’il a décidé de la mettre à l’honneur en planifiant un itinéraire de bikepacking nommé les Montañas Vacias - dont le succès ne se dément pas depuis quelques années et que l’équipe Recto Verso a déjà emprunté. Il est accompagné du photographe Tómas Montes et de l’équipe de l’organisation internationale Quiet Parks (“sentiers calmes” en français), venue pour décerner le label “Quiet Trail” au parcours. Une validation basée sur l’absence de pollution lumineuse ou sonore, l’éloignement de grands centres urbains et sur le niveau de préservation de l’environnement naturel. Notre itinéraire recoupant très régulièrement le leur, nous ne pouvons qu’approuver : c’est probablement la randonnée la plus calme que nous ayons fait de notre vie !

Nous continuons notre route jusqu’au village de Tormón, où nous croisons une multitude de chats, mais seulement cinq humains sur les 39 que compte la commune. La fin de journée se fera sur un terrain magnifique mais escarpé, et nous finissons par nous arrêter sur la première portion de terrain plat pour faire campement.

→ Jour 4

17,5 km / 700 D+

La météo nous aura tout fait ce jour-là : après un réveil en haut de splendides gorges et une matinée passée à déambuler entre petites vallées escarpées, plateaux arides et dégagés et passages de maquis, le grand soleil fait place à un mix pluie / neige / grêle qui tombe à l’horizontale. Pour ensuite rebasculer sur du grand soleil. Ce sera le tempo de la journée, qui nous mènera jusqu’au petit village d’Alobras, sur lequel nous mettons tous nos espoirs. Personne dans les rues, mais une bonne poignée de voitures : nous nous mettons en quête de cette troupe d’humains cachés. Ils seront tous au café du coin, où règne une effervescence qui nous saisit. Nous sommes aux antipodes de l’ambiance de cette randonnée : les bières et les tapas circulent et les rires sont sonores. Un grand moment de notre périple. Un ami de la patronne nous embarque dans sa voiture pour nous avancer dans notre journée de marche, et nous fait gagner deux bonnes heures sur notre journée. Nous finissons par planter notre tarp dans un endroit magnifique, mi-maquis mi-forêt, avec en prime un ciel étoilé.

→ Jour 5

13,9 km / 200 D+

Cette courte journée commence par la plus magique des surprises : il a neigé cette nuit. Nos chaussures sont couvertes d’un duvet blanc et la nature est splendide. Nous nous sommes clairement fait surprendre par la météo pendant ce trip, mais nous étions suffisamment préparés pour affronter le froid. Nous dressons le bilan de ce voyage dans ces terres isolées d’Espagne avant d’atteindre, non sans difficultés, le village d’El Valecillo, où nous pourrons déguster un verre en terrasse, tant espéré depuis des jours.

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Bon à savoir pour votre randonnée en Laponie Espagnole

  1. Planter sa tente est interdit. Ou plus précisément, vous ne pouvez pas dormir “sous abri” le long du GR 10 espagnol. Les règles de bivouac / camping dans ce pays étant soumises aux autorités locales, il est quasiment impossible de donner des prérogatives claires sur la marche à suivre.

    Pour notre part, nous avons dormi en bivybag (un “sursac de couchage” qui offre une protection supplémentaire contre le froid et l’humidité), qui semble coller à la définition “vivac” - bivouaquer sans abri. Nous avons également pris un tarp avec nous pour nous créer un toit - seulement là où cela semblait autorisé - ce moyen semblant être considéré comme “camping sauvage” au même titre qu’une tente.
  2. Le ravitaillement est impossible, il n’y a aucun commerce sur le chemin ! Vous entrez donc dans le territoire de la quête de points d’eau et de la nourriture lyophilisée.

    Nous avons choisi la marque Voyager pour nous accompagner dans nos 5 jours de randonnée. Fabriqués localement dans le sud-ouest de la France, leurs plats lyophilisés couvrent les trois principaux repas de la journée, avec des plats salés ou sucrés, à mille lieux des lyophilisés classiques. 

Équipement

Les indispensables

On remercie notre partenaire Columbia de nous soutenir dans nos expéditions, que ce soit au niveau des vêtements et des accessoires.

  1. Des chaussures de randonnée adaptées. Martin, Margot et JB ont pris deux modèles différents : la Konos TRS, une chaussure basse très confortable et dynamique et sui sera adaptés aux chevilles solides dans ce genre d’itinérance, ainsi que la Peakfreak II Outdry, une chaussure mid qui privilégie un meilleur maintien.
  2. Un filtre à eau et des pastilles de purification : c’est léger, peu encombrant et cela vous donne un accès à l’eau des lacs et rivières
  3. Un matelas avec une bonne R-Value : si le sac vous isole de l’air, le matelas lui vous isole du froid du sol. Prenez un matelas avec une R-Value comprise entre 3 et 4,5.
  4. Un bon sac de couchage : en Laponie espagnole, le différentiel de température entre le jour et la nuit est important. Prenez un sac adapté à la saison. Nous avions des sacs -2° confort. Pour gagner un petit degré, munissez vous d’un drap de sac.
  5. Un réchaud performant : des marques comme Primus et Jetboil fournissent des récipients isolés et munis d’un propagateur de chaleur efficace. Autant utile pour préparer vos plats ou vos boissons chaudes que pour purifier votre eau si jamais les solutions ci-dessus venaient à manquer.

Dans les détails

  1. 3 t-shirts
  2. Une micro-doudoune
  3. Une polaire fine
  4. Une veste en membrane pour se protéger des intempéries
  5. Un cache-cou
  6. Des lunettes de soleil
  7. Des chaussettes rando en laine mérinos (2 paires)
  8. Un pantalon de rando
  9. Un short
  10. Un Sac de couchage 3 saisons
  11. Un matelas
  12. Une trousse de secours
  13. Un couvre-chef
  14. Des bâtons de marche
  15. Une tente 3 saisons
  16. Une gamelle
  17. Un réchaud
  18. Des couverts

Comment se rendre en Laponie Espagnole ?

La région est très vaste et possède plusieurs points d’entrée, ainsi qu’un grand nombre de randonnées possibles : le GR 10 espagnol, le GR 113 ou encore le “Chemin du Cid”, tous situés dans le Parc Naturel du Haut-Tage.

Train

Il existe de nombreux TGV reliant Paris à Barcelone, qui peuvent revenir à moins de 100 euros si l’achat des billets est anticipé.

De Barcelone, plusieurs options s’offrent à vous : vous pouvez rejoindre Saragosse ou Valence en AVE (l’équivalent espagnol du TGV) ou en train local, puis de rejoindre la gare de Teruel, qui se situe entre ces deux villes. Les tarifs intra-Espagne sont très avantageux.

Avec 36 000 habitants, Teruel est le seul centre urbain inclus dans les limites admises de la Laponie espagnole et sera la ville la plus proche. Peu d’options de bus existent si vous voulez rejoindre Albarracin.

Le site Blablacar, plébiscité par les Espagnols qui n’avaient aucune option locale, possède maintenant une version espagnole. N’hésitez pas à regarder les possibilités de trajet.

Les liens pour préparer votre rando en Laponie espagnole

Recto Verso Europe

La version originale de cette randonnée sera présente dans Recto Verso Europe, notre nouvelle carte-méthode qui proposera 100 itinéraires de rando à travers l’Europe pour vous aider à préparer vos prochaines aventures. Nous l’avons adaptée pour les contraintes de cette aventure, en particulier du tournage de la vidéo YouTube. Si vous souhaitez partir dans la région sur une semaine ou plus, ne ratez pas le début des préventes en septembre et suivez l’avancement du projet sur nos différents réseaux !

Coffret RV

Recto Verso : le point de départ de l'aventure en France

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Bivouac spontané
Photos :
Margot Canton-Lamousse
En partenariat avec

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