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Vous souhaitez vous lancer dans l’alpinisme ? Cette pratique passionnante, à l’histoire extrêmement riche, s’appréhende avec précaution mais procure une satisfaction sans pareil. Avec l’aide de notre partenaire Millet, nous nous sommes nous-mêmes frottés à l’exercice pour vous proposer un guide complet, idéal pour comprendre toutes les facettes de la pratique !
On a souvent du mal à définir l’alpinisme au-delà des images d’Epinal qui nous viennent en tête - les piolets, la cordée, l’Everest, des conditions extrêmes. Pour savoir de quoi on parle, prenons un instant pour placer la pratique sur l’échiquier des activités en pleine nature.
Même si les deux pratiques peuvent se ressembler sur certains aspects - une marche d’approche en alpinisme peut s’apparenter à de la “grosse randonnée” - cette phase de la pratique de l’alpinisme s’inscrit dans un tout, avec l’objectif de réussir un parcours nommé “course” - que ce soit arpenter une crête ou grimper jusqu’à un sommet. Et l’alpinisme se pratique avec les équipements adaptés et une connaissance accrue des risques liés au terrain, ce qui n’est pas (toujours) nécessaire en rando.
Oui, si vous pratiquez l’alpinisme, il y aura des moments qui s’apparentent à de l’escalade, où vous devrez user de vos mains pour vous hisser, voire, si votre niveau est solide, de mettre en pratique la totalité de vos talents de grimpeur ou faire des rappels. Mais encore une fois, l’alpinisme c’est avant tout une situation - l’environnement grandiose de la haute montagne - et une série de compétences techniques mises en œuvre pour atteindre notre but.
L'alpinisme est une activité sportive qui consiste à escalader des montagnes, souvent dans des conditions difficiles, en utilisant des techniques de marche, d'escalade, de navigation et du matériel spécialisé. C'est une pratique exigeante qui nécessite des compétences techniques, une bonne condition physique et une planification minutieuse pour assurer la sécurité et le succès des ascensions.
Dès le XVIIème siècle, la vue du mont Blanc depuis Chamonix intrigue. Mais, en l’absence de carte, la conquête de la montagne maudite reste réservée aux chasseurs de chamois et de cristaux. Doucement, la vallée est cartographiée, les sommets, un à un, nommés. La montagne maudite, devenue mont Blanc, est parcourue par des scientifiques intrigués avant d'être officiellement domptée le 8 août 1786 par Michel Paccard et Jacques Balmat, deux Chamoniards respectivement médecin et chasseur (de chamois et de cristaux, toujours). Ils ouvrent la voie au développement de l’alpinisme en tant que pratique à part entière.
Depuis, la pratique de l’alpinisme n’a cessé de se développer : les hautes classes du XIXème siècle partent à la conquête des dernières terras incognitas d’Europe, avant que le développement du tourisme au XXème siècle n’ouvre les perspectives de l’alpinisme aux autres continents. L’Himalaya devient alors un nouveau graal, propulsé par les grands gestes qui font désormais partie de l’histoire de la pratique, comme l’ascension de l’Annapurna par la mythique cordée française menée par Maurice Herzog. La conquête des 14 “8000” dans les décennies suivantes, ainsi que des Sept Sommets (les points culminants des sept continents) achève d’ancrer l’alpinisme dans son ère actuelle, globalisée et accessible à tous… Pour le meilleur et pour le pire.
Si l’alpinisme peut souffrir des dérives consuméristes régulièrement documentées par des photos de l’Everest en proie aux bouchons ou de camps de base couverts de déchets - sans oublier l’exploitation sociale que représente le travail des sherpas - l’alpinisme, en théorie, a tout pour rester une discipline sobre et respectueuse de son environnement. La pratique, qui se transmet essentiellement grâce aux guides de haute-montagne, à un accès facilité aux massifs et à une littérature de plus en plus abondante, possède un avenir dans un monde au climat qui évolue à grande vitesse, tant que vous faites les bons choix. Que vous débutiez l'alpinisme ou pratiquiez depuis des années, nous comptons sur vous pour le faire dans le plus grand respect de la montagne et de ses habitants.
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Si certaines agences sont prêtes, moyennant finance, à vous proposer des ascensions à plus de 8000 mètres avec un entraînement minime, nous conseillons vivement de vous en détourner et de commencer par un sommet peu élevé, près de chez vous. La France est le pays d’origine de l’alpinisme, les opportunités sont multiples, profitons-en !
Les sommets listés dans ce guide prennent en compte le besoin d'apprendre les bons gestes et le développement de vos capacités physiques. Les effets de l’altitude, par exemple, ne doivent pas être négligés surtout à plus de 3000 mètres. Si une course à la journée peut s'envisager sans s'acclimater (et seulement avec l'aval du guide), on recommande vivement de monter assez haut quelques jours avant !
Le guide sera un véritable atout pour vos premières ascensions. Au-delà de ses conseils et de l’accompagnement, il est votre seconde corde de sécurité. En France, les guides de haute-montagne, triés sur le volet, suivent une formation exigeante de plusieurs années. Ils sont détenteurs du « Diplôme d'Etat d'alpinisme-guide de haute montagne » délivré par l’ENSA. À l’issue de son obtention, leur niveau d’expertise leur permet d’encadrer des pratiquants dans tous types d'ascensions.
Si vous débutez, le guide vous formera, dans la plus pure tradition de transmission de l’alpinisme. Mais il ne promettra jamais de vous amener « là où vos yeux ont un jour regardé » (c’est joli, ce n’est pas de nous, mais de Gaston Rébuffat). Faites-lui confiance, restez humble s'il décide de ne pas aller au bout de la course et n’hésitez pas à discuter avec lui d’un plan B avant de partir. Il s'agit avant tout de votre sécurité... Et de la sienne aussi !
Pour être encadré lors de votre apprentissage, plusieurs possibilités s’offrent à vous. Parmi les moins chères, les stages au CAF ou à l’UCPA vous permettront de vous initier à l’alpinisme en toute sécurité et en groupe. Si vous désirez avoir recours à un guide indépendant, le plus simple est de contacter le « Bureau des guides » de la ville la plus proche de votre objectif. Pour les besoins de ce guide, nous avons évidemment fait appel à la mythique Compagnie des Guides de Chamonix !
S’il faut compter 70 000 euros pour atteindre l'Everest, vous pourrez pratiquer l’alpinisme pour des budgets beaucoup plus classiques en Europe ! S'il est très difficile d'établir une fourchette de prix (difficulté de la course, longueur, tarif du guide...), l'alpinisme demande quand même un certain investissement. C'est le prix de la sécurité et d'une expérience sans pareil !
Votre budget comprend 4 grands postes :
En tant que débutant, une partie de l’équipement listé ici pourra vous être louée par votre guide. Si vous débutez et que vous n’êtes pas certains de vouloir enchaîner les sommets ou que vous cherchez encore le modèle le plus adapté, la location est toute indiquée. Si vous ne passez pas par une location de matériel ou un guide, il est important d’acheter neuf certains équipements :
En revanche, vous pouvez facilement vous procurer d’occasion le reste de l’équipement dans des magasins et sites de vente spécialisés :
En plus de ce matériel spécifique, il faut vous équiper de vêtements et chaussures adaptés pour évoluer par tous les temps.
Notre partenaire Millet, dont le travail est dédié à 100% aux pratiques de montagnes et qui soutient la production de ce guide, propose des gammes de produits parfaitement adaptés à l’alpinisme, des chaussures - cramponnables et renforcées - jusqu’aux différentes couches du haut du corps en passant par les gants. On vous liste les indispensables à embarquer avec vous, en sachant que vos investissements pourront être réutilisés lors d'autres pratiques outdoor !
Et si vous souhaitez réaliser des économies ou que vous n'aurez pas l'occasion de réutiliser ces produits, ils peuvent également être loués.
Si vous désirez vous équiper pour de bon, pensez aux groupes de revente entre particuliers, ou jetez un oeil à la poignée de plateformes de vente de vêtements d’équipement d’occasion :
En alpinisme on parle de course et non de randonnée. Cependant, "rien ne sert de courir" : prenez le temps de bien vous préparer physiquement et mentalement avant de vous lancer.
Une pratique régulière de l’escalade et de la randonnée constitue une très bonne base : ces deux pratiquent vont rôder votre corps et vous permettre d'acquérir plein de compétences techniques. ous habitez loin des montagnes ous les salles de grimpe, les longues marches et toutes les types de dénivelé que vous pourrez trouver, même les escaliers ! Vous trouverez aussi sur internet des programmes d’entraînement pour des ascensions spécifiques dont vous pourrez vous inspirer. Pas trop de pression non plus : pour votre première fois, il s'agit pour vous d'être en bonne forme, pas d'être surentraîné.
Si vous en avez l’occasion, une préparation avec un apprentissage des techniques spécifiques comme l’utilisation des piolets, des crampons ou des cordes peut s'avérer utile. Certains clubs d'escalade en proposent, renseignez-vous, et n'hésitez pas à vous documenter et à échanger avec des grimpeurs expérimentés.
Question mental, il vous faudra connaître vos réactions en situation de stress pour pouvoir les gérer au mieux. Avoir pratiqué des sports comme l’escalade ou la via ferrata vous permettra de connaître vos réactions face au vide. De bonnes recherches à propos de votre futur itinéraire et des difficultés auxquelles vous serez confronté vous aidera à les surmonter plus sereinement le moment venu. Et encore une fois, soyez prêts à savoir renoncer si la situation devait se présenter.
Nous sommes ravis d’avoir pu envoyer une équipe de trois personnes - Damien Bettinelli, Maïté Pesche et Mathias Riquier - expérimenter la pratique de l’alpinisme. Deux de ces trois personnes tentaient l’expérience pour la première fois, ce qui nous a semblé idéal pour les besoins de ce guide !
Nous avons jeté notre dévolu sur le massif du Mont-Blanc, proche de Chamonix, camp de base de notre partenaire Millet, lui-même soutien de la Compagnie des Guides de Chamonix. Nous en aurons deux avec nous, Florent et Marc, pour cette expédition de deux jour. Notre objectif : l’arête des Cosmiques.
Décollage pour l’Aiguille du Midi par le fameux téléphérique, qui nous catapulte à 3842 mètres d’altitude. On s’équipe totalement - baudriers, crampons, piolet, casque à portée de main - et on entame la descente vers le glacier de la Vallée Blanche, évidemment encordés à nos guides. On commence à lâcher la majorité des humains présents autour de nous, venus skier. On prend conscience de l’immensité de ce qu’il y a autour de nous, du souffle court imposé par l’altitude, de la lenteur de la progression due à l’épaisseur de neige. Un effort tout juste au-dessus de nos capacités entraîne un essoufflement total en 10 secondes, on apprend vite à temporiser.
On décide de contourner notre objectif du jour, le célèbre refuge des Cosmiques, pour aller le chercher par l’arrière, par une arête affectueusement nommée “arête à Laurence” du nom de la tenancière de l’établissement pendant de longues décennies. Niveau débutant, mais qui comprend un bon panel de ce qui attend une personne pratiquant l’alpinisme : du dénivelé, nécessitant l’aide du piolet pour se stabiliser, des enjambements simples mais vertigineux, et de la marche de crête “aérienne”. Le refuge est proche et pourtant si loin ! Cette expérience nous donne le meilleur aperçu possible de la pratique, bien plus sécurisée que notre appréhension naturelle du danger nous le fait croire, notamment grâce à notre équipement et les conseils de nos guides.
Après une pause au refuge, la fin de l’après-midi se passera au début de l’arête des Cosmiques, située entre le refuge et notre point de départ de l’Aiguille du Midi, pour évaluer le terrain en vue du lendemain et pour profiter de la lumière pour les photos. Soyons francs : on est cuits, et on prend bien conscience de notre vulnérabilité face à cet environnement rude. Retour au refuge pour un repas bien mérité et un débrief de la journée.
Réveil : 5h. La montre de Mathias annonce 1h17 de sommeil, ce qui paraît grandement surestimé. Le trio découvre le “mal des montagnes”, ce drôle d’effet qui donne le souffle court, mal à la tête, sans parler d’une sensation de nausée diffuse. Forcément, trois citadins à 3600 mètres d’altitude, ça déguste.
Point météo : la dernière étape de notre parcours, l’arête des Cosmiques, est exclue, le prix à payer en termes de stress et d’effort est trop élevé au vu de notre état de forme. On prend d’autant plus conscience de la valeur de nos deux guides, qui nous expliquent leur raisonnement avec pédagogie. Le retour se fera en 1h30 par la vallée blanche encore déserte, avec un lever de soleil d’anthologie à la clé, avant que les nuages nous fassent basculer dans une ambiance monochrome saisissante. Le vent est très fort, la neige nous fouette le visage et la remontée vers l’Aiguille nous demande de puiser dans nos maigres réserves d’énergie.
8h30, nous avons l’impression d’avoir produit l’effort d’une journée entière de rando, mais nous sommes heureux d’avoir pu vivre tout le panel des émotions d’une sortie d’alpinisme : le sentiment d’accomplissement, la fatigue, l’émerveillement, l’acceptation du changement de course, et enfin la satisfaction d’avoir réussi ce qu’il a été possible de réussir. En ça, l’alpinisme est une excellente école de la vie.
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La montagne est vivante, elle bouge et évolue à cause du changement climatique. Une course considérée comme "facile" dans les années 80, ne l'est plus forcément aujourd'hui (recul des glaciers, nouvelles crevasses, exposition aux chutes de sérac...). Pour chacune des courses décrites plus bas, demandez l'avis d'un ou d'une guide avant de vous lancer. Écoutez leurs avis et laissez-vous orienter vers la course jugée la plus adaptée pour débuter l'alpinisme !
Notes :
Les 5 ascensions :
Les six sommets des Dômes du Miage s’étalent sur 3 kilomètres de crêtes dans un environnement sauvage, dominant la vallée de l’Arve. Cette ligne de crêtes est considérée comme une des plus emblématiques du massif. Elle attire alpinistes confirmés et débutants depuis l’ascension en 1858 du peintre britannique Edmund Thomas Coleman, accompagné de Joseph Jacquemont et Frédéric Mollard. L’arête entre l’Aiguille de la Bérangère et le col de Miage est tout simplement sublime.
Ce sommet au nom poétique est un des "4000" les plus accessibles en Europe. Pour y accéder, vous passerez une nuit dans le spectaculaire refuge Vittorio-Emmanuele II. Vous aurez peut-être aussi la chance de croiser des bouquetins, emblème du parc national du Grand Paradis, entre les lacs et les glaciers qui parsèment l’ascension vers la statue de la vierge, sereine au sommet. Une expérience unique pour débuter l'alpinisme.
Gravi par des bergers en 1792, puis par le légendaire couple composé d’Anne Lister et d’Ann Walker en 1838, l’historique sommet du Midi vous permettra d’aborder tout en douceur les techniques comme l’encordement ou l’utilisation des crampons, après une magnifique randonnée empruntant le GR®10, la traversée du glacier d’Ossoue et l’ascension de la Pique longue, plus haut sommet des Pyrénées françaises. Pour un niveau un peu plus élevé, attaquez directement la mythique face Nord. Bonus : la soirée au refuge des Oulettes de Gaube vous offrira une des plus belles vues des Pyrénées.
Premier sommet majeur des Alpes à avoir été gravi en 1877, la Meije Orientale fait partie du mythique massif des Ecrins. Pour une première expérience en alpinisme, le pic Oriental est une très bonne option. Après un séjour au spectaculaire refuge de l’Aigle, l’ascension vers le sommet vous permettra de perfectionner vos techniques d’escalade et de vous initier à la manipulation de matériel spécifique à l'alpinisme. D’en-haut, vous profiterez d’une magnifique vue sur les Ecrins, allant jusqu’au Mont Rose et au Cervin.
Si pendant longtemps, les alpinistes ont sous-estimé la hauteur du Seigneur des Pyrénées, il est depuis le début du XIXème siècle reconnu comme le plus haut sommet de la chaîne. L’Aneto est conquis par une cordée composée d’un officier russe, d’un botaniste normand et de cinq guides locaux en 1842. Aujourd’hui, son ascension vous offrira des vues exceptionnelles et vous initiera à la traversée d’un des deux derniers glaciers pyrénéens. Au coeur du parc national des Posets-Maladeta, dans un massif très sauvage, vous croiserez lors de cette magnifique course une multitude de paysages, de flore et d’animaux avant de franchir le mythique « pont de Mahomet » pour accéder à la croix emblématique du sommet.
La montagne est un milieu aussi fragile que spectaculaire. Si l’État et les collectivités locales s'engagent dans sa protection, des associations contribuent grandement à la protection de ces joyaux de la nature. N'hésitez pas à les soutenir pour garantir un bel avenir à la montagne et ceux qui la vivent.
De quoi vous donner des idées et vous faire rêver de futures ascensions !
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Directeur des contenus chez Recto Verso / Les Others, breton et fan de bikepacking. Donnez-moi du café si vous voulez me faire pédaler.
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