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Recto Verso continue d’explorer l’Europe : pour cette nouvelle aventure hors de nos frontières, nous avons décidé de changer de braquet et de viser une région que nous n’avons encore jamais arpenté. La Croatie, au coeur des Balkans, est réputée pour ses promesses de vacances ensoleillées mais possède aussi des atouts majeurs pour une aventure réussie, et c’est que nous avons voulu savoir. On a pris nos sacs à dos - en pensant au maillot de bain - pour cinq jours d’itinérance totale sur le Velebit Trail, l’un des sentiers les plus prometteurs du pays !
Cette aventure a été rendue possible grâce à nos partenaires qui nous ont permis de bien nous équiper (Columbia) et de ramener de belles images (Fujifilm). Merci à eux !
Encore des Alpes qui ne sont pas dans les Alpes… Mais cette chaîne de montagnes, composée de multiples massifs, se situe “à côté” des Alpes que vous connaissez et proviennent de la même interaction de plaques tectoniques. Ces montagnes commencent en Slovénie, laissant un corridor de “plat” d’une centaine de kilomètres seulement entre elles et les Alpes du Sud, et finissent leur course en Albanie après avoir traversé tous les pays slaves du sud : Croatie, Bosnie-Herzégovine, Serbie et Monténégro. Et le Velebit ? Ce massif karstique, qui longe la mer Adriatique, comprend le plus haut sommet croate, le Vaganski vrh.
Le Velebit Trail, qui commence dans la ville de Senj si on le prend dans son intégralité, se situe à 100% dans un parc naturel, le Park Prirode Velebit. De plus, deux parcs Nationaux se situent à l’intérieur de ce dernier : celui de Sjeverni Velebit (Velebit du Nord), que nous n’avons pas traversé, et celui de Paklenica, dans lequel nous avons passé la seconde moitié de notre trip. Le massif karstique comprend très peu d’eau de source et la flore, bien que donnant un sentiment d’abondance, reste très fragile dans cet environnement qui ne retient pas l’eau et qui se révèle donc très sensible au réchauffement climatique, notamment sous ce climat méditerrannéen.
La Croatie, connue entre autres pour sa côte très touristique, offre avec ce Velebit Trail une option extrêmement isolée des grands flux humains, tout en restant extrêmement proche de l’eau. Notre parcours s’est toujours situé dans une fourchette allant de 1000 à 1500 mètres d’altitude, avec hébergement en cabane-non gardée, et une faune mélangeant forêts denses et maquis méditerranéen, sans oublier des passage quasi-alpins avec beaucoup de conifères. La course du Velebit Trail se situe dans la petite cité balnéaire de Starigrad, idéale pour décompresser en douceur.
On vient de passer une après-midi dans un train jusqu’à Munich, et surtout une nuit dans un bus - première pour nous - afin d’arriver à notre point de départ, Gospić, petite ville croate située côté “terre” du massif du Velebit. Le temps de nous ravitailler et de boire suffisamment de café pour nous réveiller qu’arrive Aurélie, membre de la communauté Recto Verso qui nous a proposé de nous déposer à Baške Oštarije, hameau qui constitue notre point de départ, pile au milieu du Velebit Trail. Il est possible d’atteindre Baške Oštarije en bus local, mais la seule desserte quotidienne nous faisait perdre notre journée. Au final, on a pu partager les premiers kilomètres de notre rando avec elle, avant qu’elle ne bifurque pour finir sa boucle et rejoindre sa voiture… Pile au moment de notre premier contact visuel avec la mer. Très prometteur pour la suite !
Le reste de la journée est long, mais magnifique : forêts épaisses, vues sur la mer, montées dantesques et apprivoisement du biotope local, notamment d’un sentier naturel parfaitement balisé mais très sauvage. Parfait pour l’immersion, mais première journée difficile, d’autant plus que le manque de sommeil du au bus de nuit se fait sentir. Nous arrivons lessivés à la magnifique cabane de Sugarska Duliba à la tombée de la nuit pour une nuit de sommeil bien méritée.
Le groupe de Croates avec qui nous avons partagé la cabane décolle aux aurores, ce qui signifie que nous avons l’endroit pour nous quelques heures avant partir. La cabane est tout simplement splendide et surtout très bien conçue. Nous décollons en milieu de matinée pour aller chercher de l’eau au puits situé quelques centaines de mètres sur le chemin. L’eau est rare dans le coin, c’est une question de minéral : le massif du Velebit est karstique, ce qui signifie qu’il ne faut pas trop compter sur l’émergence de sources ou de cours d’eau le long de notre parcours. Le site de la fédération d’alpinisme croate ayant fourni toutes les infos, nous les avons consignées avec soin.
Moins de kilomètres aujourd’hui, et un point de vue exceptionnel sur notre récompense : la Méditerranée, qui devrait nous accueillir dans quatre jours. La journée, plus courte que la veille, se déroule sans accroc, et nous finissons à la cabane de Stap, moins moderne certes, mais située dans un petit coin de paradis avec un vrai point d’eau vive juste à côté.
Nous commençons cette fois-ci avant nos amis croates - que nous reverrons tous les jours - et ça nous met la puce à l’oreille. Nous savons que la météo qui s’annonce est mauvaise, mais notre journée est longue et nous devons avancer. Nous prenons la pluie dès les premières minutes, mais le plus problématique reste à venir : un violent orage se déclenche très près de nous et nous décidons de nous abriter dans un endroit beaucoup moins exposé. Une fois le stress - et l’orage - passés, nous reprenons prudemment la route pour ce qui sera la plus longue et dure journée. Le temps s’améliore et le terrain aussi, nous enchaînons les kilomètres en milieu de journée et nous suivons les balisages que nous pensions être les bons… Jusqu'au moment où nous nous rendons compte que nous avons pris la mauvaise direction. Ça se rattrape, moyennant un itinéraire bis un poil plus long qui passera par un cirque et une forêt à l’ambiance quasi-écossaise, brouillard épais à l’appui. Il est tard quand nous sortons de cet épisode mystique et que nous arrivons à la troisième cabane… Qu’on nous annonce infestée de punaises de lit. Est-ce vrai ? Dans le doute, la nuit se passera dehors : Lucie et Maïté en tente, P-A et Mathias en bivy sous une table de pique-nique. Parfait.
Devant la fatigue qui commence à se faire ressentir et le besoin urgent d’un de nos genoux (on ne vous dira pas lequel) de se reposer un peu, nous décidons de faire au plus court et de couper une trace qui n’attendait que ça (ce magnifique tracé en U sur le plan, c’était un appel au raccourci). Trois d’entre nous tenteront une aventure improvisée en grimpant au sommet de Badanj, un mont environnant non loin du point culminant du massif, le Vaganski vrh, que nous ne verrons que de loin. Cela nous suffit, et nous décidons donc d’entamer la dernière partie du trip, à savoir le basculement de l’autre côté de la crête du massif et la “descente” vers la mer. La lumière de fin de journée est somptueuse et la descente, bien qu’en pente douce, nous fait travailler jusqu’au bout. Ce soir, c’est refuge, avec vrais lits et ragoût à la saucisse. On n’en demandait pas tant.
C’est la journée-tyrolienne. Après avoir passé la plupart de notre rando à plus de 1000 mètres d’altitude, nous avons redescendu la veille aux alentours des 400 mètres. Aujourd’hui, nous n’avons plus qu’à dérouler jusqu’à la mer sur un sentier relativement simple, car emprunté par de nombreux randonneurs à la journée. C’est le retour progressif à la civilisation (un trail de montagne se déroule pile en même temps et nous envions presque la foulée légère des participant·e·s), ce qui ne nous empêche pas de nous baigner dans les eaux transparentes de la rivière qui coule à côté de nous. Le premier bain d’une longue série. Nous retrouvons le bitume un peu plus bas, au niveau d’un spot d’escalade fréquenté, avant de traverser les faubourgs de Starigrad et d’atteindre enfin notre point final : la mer. On court pour l’effleurer du bout du pied, c’est notre ligne d’arrivée à nous. On ne vous raconte pas l’épilogue à base de baignades, de poulpe grillé et de glaces trois boules, mais nous avons savouré notre victoire comme il se doit.
On remercie notre partenaire Columbia de nous soutenir dans nos expéditions, que ce soit au niveau des vêtements et des accessoires.
Le pays est bien desservi par le train mais se situe assez loin de la France. Nous avons choisi la technique la plus rapide pour un aller/retour en utilisant un bus de nuit mais il y a moyen, en prenant le temps, de faire du 100% train.
La gare de Zagreb (la capitale) est accessible depuis Vienne en Autriche, qui elle-même est connectée à Paris via un train de nuit. Ensuite, vous pourrez viser les villes de Rijeka ou Zadar, qui se situent plus ou moins aux “extrémités” du Velebit Trail.
La compagnie Flixbus, déjà bien connue des voyageurs économes, propose un trajet Francfort-Split qui passe par Munich, d’où notre choix. D’autant plus qu’il s’arrête à Gospić, seulement à 10 kilomètres de notre départ, et qu’il est possible de finir en bus local. On y vient.
Arriva est une filiale de la Deutsche Bahn qui installe des réseaux de bus locaux à l’échelle de plusieurs pays européens, dont la Croatie. le maillage est plutôt dense et nous aurait permis de rejoindre notre point de départ en tems normal. À l’arrivée, Starigrad est reliée à Zadar en une heure, moyennant 5 euros et 1 euro pour le bagage en soute. Encore une fois, “cash only”.
La version originale de cette randonnée sera présente dans Recto Verso Europe, notre nouvelle carte-méthode qui proposera 100 itinéraires de rando à travers l’Europe pour vous aider à préparer vos prochaines aventures. Nous l’avons adaptée pour les contraintes de cette aventure, en particulier du tournage de la vidéo YouTube. Si vous souhaitez partir dans la région sur une semaine ou plus, ne ratez pas le début des préventes en septembre et suivez l’avancement du projet sur nos différents réseaux !
Retrouvez cet itinéraire et plus d'une centaine d'autres dans nos coffrets Recto Verso©
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